La brèche
Mais j’aurais souhaité que tout passe avec grâce,
Les bons, les mauvais jours, comme ce nouveau-né,
Que sa mère attendrie allaite, façonné
Par une affection qui confond tout l’espace !
Puisqu’il me faut subir l’engeance de ma race,
Permets-moi, mon Seigneur, que l’être acoquiné
Soit le dernier rempart contre le forcené
Qui voudrait avilir ma précieuse trace !
Et s’il faut disparaître au-dedans de l’obscur,
Ouvre-moi s’il te plait la brèche dans le mur,
Afin que mon esprit s’approche du mystère !
Et lorsque sans me plaindre en vains salmigondis,
Quand j’aurais bien souffert du méchant sur la terre,
Que mon âme s’en aille au divin Paradis !
Vingt-deux novembre dix-huitO