La barbe d'Aaron
Le Prophète m’a dit : « si la vie éternelle
Consiste à réciter bien plus que de raison
L’ultime patenôtre en guise d’oraison,
Il te faut revêtir la parure charnelle ! »
Car qui cherche l’azur comme aube maternelle,
Ne trouve que l’hiver pour unique saison,
Dans les plis du néant sa dernière maison,
Mesurant son prochain à l’aune fraternelle !
Et bientôt il se peut que l’esprit sous les coups,
Demeure sans espoir un esclave à genoux,
Pourrissant comme un fruit à la chair dévoyée !
O ces cris bien aigus imitant le clairon,
Et ces pleurs d’un moment à gorge déployée,
Pareils aux eaux lustrant la barbe d’Aaron !
Cinq novembre dix-huitO