Re-création
La terre un peu partout se souvient du sublime
Une touche de bleu à l’horizon sali
C’est un soleil brisé qui plonge dans l’abîme
A travers les vapeurs d’un univers pâli
Dans cet abattement, le mal-être se lit !
Il marche sur les flots comme un preux survivant
Regarde bien la barque et la crainte de Pierre
Avançant sur les eaux en un pas émouvant
Le vrai des compagnons qu’un même élan resserre
Dans les reflets du lac comme dans la prière !
Alors Il prend le vent pour dernière tunique
Au-dessus de la croix, le ciel est en lambeaux
Quand l’impossible voix de l’Homme communique,
O ce sang, ces crachats, ces jurons déloyaux :
Ils disent que le vent attise les flambeaux !
Serait-ce encor le feu qui lui brûle le front
Pareil aux cris léchant le gosier des prophètes
O Père ! La douleur d’un si cuisant affront!
Mais, quand le feu s’éteint, quelle tête vous faites
Je ne sais si vraiment vous étiez en ces fêtes !
Déjà ce feu puissant vient consumer l’écume
L’univers parcouru d’un violent baiser
Se dissout lentement, le firmament s’embrume
Un nouveau monde point dessous le ciel rosé
Là-bas le grand Yahvé se promène avisé !